Nouvelle alliance Renault – Nissan : quels impacts sur l’industrie auto ?

Alors que le projet d’alliance entre Nissan et Honda s’est heurté à un mur, l’accord unissant la marque japonaise avec le Groupe Renault est amené à évoluer.

Renault-Nissan : une alliance à géométrie variable

Créée en 1999, l’Alliance Renault-Nissan a longtemps été un poids lourd mondial, renforcée en 2016 par l’arrivée de Mitsubishi. Tout s’est complexifié avec l’arrestation de Carlos Ghosn en 2018.

Son éviction a mis fin à une gouvernance centralisée, et depuis, les deux groupes ont souvent évolué chacun de leur côté. Entretemps, leurs liens se sont peu à peu distendus, la volonté d’un modèle fusionnel laissant place à davantage d’autonomie stratégique progressive.

Mais là où Renault a su rebondir, Nissan a souffert, au point d’envisager une fusion avec Honda. Le projet, qui n’a pas abouti, a même provoqué le départ du PDG de Nissan, Makoto Uchida.
Ce contexte explique la nécessité d’un nouveau contrat de collaboration, plus équilibré, annoncé le 31 mars 2025. Cette recomposition, discutée en interne depuis près de deux ans, marque le retour à une logique plus pragmatique : un partenariat moins symbiotique, mais potentiellement plus efficace.

Réduction des participations croisées

L’un des piliers de ce nouvel accord concerne la réduction des participations croisées : Renault et Nissan vont abaisser leur détention mutuelle à 10 %, contre 15 % actuellement.
Pour la marque japonaise, ce désengagement offre une opportunité de liquidité bienvenue, avec la possibilité de revendre des actions Renault. Pour le losange, cette évolution stratégique élargit sa marge de manœuvre, notamment dans les marchés émergents et sur le terrain de l’électrification.
De manière tout aussi décisive, Nissan est désormais libéré de son obligation d’investir dans Ampere, la filiale de Renault dédiée aux véhicules électriques et logiciels.

L’accord d’investissement, signé le 26 juillet 2023 entre Renault Group, Nissan et Ampere, est formellement résilié, selon les dires de l’annonce. Cette levée d’obligation représentait un engagement de 600 millions d’euros pour le constructeur japonais.

La coopération technique entre les deux groupes reste toutefois d’actualité. A partir de 2026, Renault, via Ampere, construira en effet un modèle électrique d’entrée de gamme pour Nissan, basé sur la plateforme de la future Twingo électrique. Ce modèle sera destiné au marché européen.

L’Inde, nouveau terrain d’expansion stratégique

Autre point central : Renault prendra le contrôle total de Renault Nissan Automotive India Private Ltd (RNAIPL), l’usine de Chennai, en rachetant la participation de 51 % détenue jusqu’ici par Nissan.

Avec une capacité de production estimée à plus de 400 000 véhicules par an, ce site devient une pièce maîtresse de la stratégie de Renault sur un marché en forte croissance.
Pour autant, Nissan continuera à y produire des véhicules pour le marché indien et l’exportation. Les deux partenaires vont également poursuivre leurs opérations conjointes dans le centre de recherche et développement basé à Chennai, sous réserve d’approbation réglementaire.

Selon Luca de Meo, directeur général de Renault : « Renault Group a un fort intérêt à voir Nissan redresser sa performance le plus rapidement possible ». Il a également souligné que l’Inde est un marché clé, où Renault compte « déployer un écosystème industriel efficace et structuré ».

De son côté, Ivan Espinosa, le nouveau PDG de Nissan, a insisté sur les mesures de redressement à venir, affirmant que l’Inde restera une plaque tournante stratégique pour les services digitaux, la R&D et les futurs SUV du groupe. Il a aussi confirmé que plusieurs projets de SUV restent en développement pour ce marché.

Ce nouvel accord stratégique entre Renault et Nissan devra encore recevoir une approbation définitive, attendue d’ici fin mai 2025.

 Quels impacts sur l’industrie auto ?

Alors que le projet d’alliance entre Nissan et Honda s’est heurté à un mur, l’accord unissant la marque japonaise avec le Groupe Renault est amené à évoluer.